La COP : où en est-on vraiment dans la lutte internationale contre le changement climatique ?

Qu’est-ce qu’une COP ?

Les Conférences des Parties, plus connues sous leur acronyme anglais COP (Conferences of the Parties), sont les grands rendez-vous annuels de la diplomatie climatique mondiale. Elles réunissent les 197 « parties » dont 196 États et l’Union européenne, ayant signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio. Depuis la première COP organisée à Berlin en 1995, elles se sont tenues chaque année sauf en 2020 en raison du Covid-19 et est la seule instance à rassembler presque tous les pays de la planète autour d’un enjeu commun : lutter contre le réchauffement climatique et ses impacts environnementaux, sociaux et économiques. Leur mission : Ces conférences ont pour objectif de faire le point sur les degrés d’application de la convention (CCNUCC), d’évaluer les efforts collectifs et les contributions nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), de proposer des solutions innovantes, revoir le financement de la transition écologique, et surtout, de fixer de nouveaux objectifs à la hauteur de l’urgence climatique. Un processus international complexe : Chaque année, une COP est organisée sur un continent différent. Les discussions, longues et techniques, mêlent négociations politiques, déclarations d’intention et, parfois, aboutissent à des accords majeurs. Les textes finaux doivent être validés par consensus de tous les États Présents, ce qui complique souvent l’adoption de mesures ambitieuses. Des acteurs variés autour de la table : Outre les États, les COP rassemblent aussi des acteurs non étatiques : ONG, collectivités territoriales, société civile, entreprises, scientifiques, la jeunesse, ou encore peuples autochtones. Leurs revendications influencent les débats, mais ce sont bien les États qui votent les textes finaux. Elles s’appuient principalement sur les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), un organe scientifique indépendant qui synthétise les connaissances sur le climat et alerte régulièrement sur l’aggravation du dérèglement climatique.

Retour sur quelques COP marquantes

COP3 – Kyoto (1997) Cette conférence débouche sur le Protocole de Kyoto, le premier traité international juridiquement contraignant en matière de climat, entré en vigueur en 2005. Il impose à 38 pays industrialisés une réduction de 5% puis 18% de leurs émissions de GES par rapport à leurs niveaux de 1990. Limite majeure : les deux plus gros pollueurs, les États-Unis et la Chine, ne ratifient pas ou ne se sont pas engagés, affaiblissant l’impact global de l’accord. COP21 – Paris (2015) C’est sans doute la COP la plus emblématique. L’Accord de Paris y est adopté, engageant 195 pays à maintenir le réchauffement mondial en dessous de 2°C voire 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Chaque pays doit soumettre ses objectifs de réduction, révisables tous les cinq ans, avec une attention particulière aux financements climatiques destinés aux pays en développement. Mais là encore, l’accord repose sur une logique d’engagement volontaire, sans mécanisme de sanction. Des pays clés comme les États-Unis, le Canada, la Russie ou le Japon se sont désengagés à différents moments. D'autres, comme la Chine ou l’Inde, ne sont pas juridiquement contraints car considérés encore en développement, bien qu’ils jouent un rôle essentiel. La dernière COP29 à Bakou (2024) : quelles décisions prises? Elle était centrée sur le financement climatique et a triplé le financement vers une transition écologique des pays en développement, atteignant 300 milliards de dollars par an. Ces fonds doivent permettre à ces pays de se protéger contre les impacts climatiques, d’investir dans l’énergie propre, de créer des emplois durables et d’assurer un développement plus juste et égalitaire. Si certains la décrivent comme une « police d’assurance pour l’humanité » ou une lueur d’espoir, beaucoup d’États du Sud dénoncent une somme dérisoire et des engagements encore flous.

Des décisions à la hauteur, mais sont-elles réellement respectées ?

C’est la question qui revient chaque année : les promesses faites lors des COP sont-elles tenues ? En théorie, oui. En pratique, les résultats sont loin du compte. Le manque de réelles contraintes juridiques suivies de sanctions, la lenteur des politiques nationales, les conflits d’intérêts économiques et les déséquilibres Nord-Sud freinent la mise en œuvre effective des accords. De nombreux pays continuent à subventionner les énergies fossiles tout en s’engageant pour la neutralité carbone. Les COP restent toutefois un espace essentiel de dialogue international et posent le cadre d’une gouvernance climatique mondiale. Elles rappellent l’urgence, font pression année après année, donnent une voix aux plus vulnérables et permettent de faire avancer la conscience collective. Pour que ces sommets aient un véritable impact, il faut que les paroles soient suivies d’actes, que les promesses soient financées en intégralité et dans les délais, et que tous les pays s’engagent collectivement, sur le principe de responsabilités différenciées, pour que les objectifs soient atteints.

Comment suivre les COP ou s’y engager?

Les COP ne sont pas seulement des réunions diplomatiques fermées : elles sont aussi des espaces d’expression pour la société civile. Chaque année, des centaines d’ONG, associations, collectifs citoyens, syndicats, représentants de la jeunesse ou des peuples autochtones y participent, dans ce qu’on appelle la « zone verte » (ouverte au public). Comment suivre les COP en direct ? Le site officiel de la CCNUCC (unfccc.int) publie les documents, décisions et retransmissions en direct. De nombreux médias comme Le Monde Planète ou France Info Environnement proposent des suivis réguliers pendant les conférences Des ONG comme Climate Action Network (CAN), 350.org, Greenpeace, ou le Réseau Action Climat décryptent les enjeux jour par jour via leurs réseaux sociaux ou newsletters. Et les associations, quel est leur rôle ? Les ONG et associations jouent un rôle fondamental : Faire pression sur les négociateurs pour adopter des mesures plus ambitieuses Porter la voix des plus vulnérables (jeunes, peuples autochtones, pays en développement) Informer le grand public sur les enjeux réels et les implications concrètes des accords Proposer des solutions locales ou alternatives en matière de transition écologique S’impliquer à son échelle, il est possible de : Participer à des campagnes citoyennes autour des COP (marches, mobilisations, Local Conference of Youth qui rassemble des jeunes engagés chaque année pour une mini-COP des jeunes générations) Rejoindre des collectifs de jeunes engagés tels que Jeunes Ambassadeurs du Climat, CliMates, le RESES Suivre au quotidien des comptes instagram d’activistes et de mouvements pour le climat et la justice sociale : @bonpote, @onestpret, @hugoclément, @adelaidecha, @raphaelseguin Les COP sont aussi ce que les citoyens en font : leur pression et leur mobilisation peuvent transformer ces grands sommets en véritables leviers de changement. Alors tenez-vous prêt pour la COP30 du 10 au 21 novembre 2025 au Brésil !

Sources

https://www.vie-publique.fr/fiches/274834-quest-ce-quune-cop ; https://www.vie-publique.fr/fiches/274835-quest-ce-que-le-protocole-de-kyoto ; https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/decryptage-cop-conferences-internationales-lutte-contre-dereglement-climatique ; https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/cop-definition-histoire-enjeux/ ; https://news.un.org/fr/story/2024/11/1150846